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Par les temps qui courent, il importe de rester curieux.

Avril 2019 c'est...

Avril 2019 c'est...

Citron vert...
 

Shady Bug    « Lemon Lime »    Exploding in Sound Records    2019

 

On tombe parfois sur des choses bien sympathiques, cette formation de St Louis (Missouri) en est un bon exemple.

 

 

Des couplets un peu tordus qui fleurent bon l’Indie tel qu’on l’aimait à l’époque de Pavement… Et des refrains brutaux qui fleurent bon l’Indie aussi, mais dans le créneau des guitares énervées, celles de Veruca Salt, par exemple…

Bref, une découverte acidulée et bien agréable dont l’audition a contribué à rendre certains moments (routiers et autoroutiers) moins pénibles.

 

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Lourdes pénombres...

 

Crows    « Silver Tongues »   Balley Records   2019

 

Certains albums s’abordent dans l’urgence… Certes, on pourrait attendre que les impressions décantent, que les flocons de la boule à neige retombent, ce qui permettrait de mieux discerner le petit bonhomme kitsch ou l’Atomium collé dans la sphère en plastique.

Mais ce serait fausser la donne, un disque comme Silver Tongues exige une prise en charge rapide. Une analyse en post remuage immédiat.

 

Silver Tongues est un album sombre enregistré volontairement dans une quasi-obscurité, et qui, au delà de toutes les influences aisément décelables (Shoegaze, Post-Punk, BritPop), possède une puissance de feu qui stimule plus l’instinctivité viscérale primaire que les tergiversations intellectuelles… En d’autres termes, c’est du Rock.

De plus, c’est aussi le premier LP de Crows, un jeune quatuor londonien formé en 2015.

 

 

 

Certains s’empresseront de ranger arbitrairement cette galette encore toute chaude dans le rayonnage Punk des nouveaux arrivages de l’actualité musicale, mais ce serait grossier et limitatif, parce qu’on y ressent autant l’intensité mélodique britannique d’un Shame (souvenez-vous, c’était ici) et d’un The Jesus & Mary Chain que l’étouffante pesanteur des murailles soniques comme on les aime outre-Atlantique (A Place to Bury Strangers et autres, vous voyez ?).

L’ensemble émet une puissante impression d’écrasement, comme une lourdeur ténébreuse et intransigeante qui inciterait à une réaction prompte, on ne rigole plus, on est dans l’épidermique crépusculaire.

Un album organique qui s’écoute et qui se vit fort, dans la fureur de l’instant.

Crows? Je pense qu’ils doivent être très bien, sur scène.

En tout cas, ce premier disque est très (très) bon.

 

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Émois champêtres...

 

Daniel O’Sullivan   « Folly »   O Genesis   2019

 

Daniel O’Sullivan, c’est entre autres et avant tout la moitié de Grumbling Fur, un groupe d’Art-Rock déjà évoqué ici.

Folly n’est pas un coup d’essai, comme ça, pour rire... Daniel O’Sullivan signe ici un second album solo marqué par une naissance, celle de son fils, ainsi qu’un décès, celui d’un ami.

Un album ambivalent qui ballotte sous le poids de charges affectives contradictoires et qu’il faut donc aborder comme il se doit, avec un minimum d’implication et d’empathie.

 

 

Mais Daniel O’ Sullivan est avant tout un songwriter tortueux, aux compositions magiques, envoûtantes. Doté qui plus est d’une jolie voix (faisant à l’occasion songer à celle de Curt Smith).

A la condition de faire une pause afin d’en dénouer tous les entrelacs mélodiques, les chansons s’élèvent en dentelles vaporeuses, boostées dans leur envol par la production impeccable et perspicace de Thighpaulsandra, parfait sorcier sonique dont l’amusement consiste, pour cet album du moins, à réactualiser les impressions acoustiques oubliées des seventies en un chatoiement phonique terriblement moderne…

Folly, c’est du Folk avant-gardiste pastoral, subtil et bucolique, à deux pas des jardins sonores de gens comme Nick Drake ou Robert Wyatt.

Un album réellement captivant, si on s’accorde bien sur la possibilité d’y entrer...

Hélas, notre époque frénétique où le temps d’appréhender les choses est de plus en plus considéré comme un manque de savoir vivre est peu propice à ce genre d’exercice…

Dommage.

 

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French Dandies...

 

Marble Arch   « Children of the Slump »   GEOGRAPHIE   2019

 

Deuxième album pour les Parisiens de Marble Arch

Et c’est une excellente surprise, pour un peu on penserait à un produit d’Outre Manche… On est en plein dans le Shoegaze désabusé, à demi narcosé et doucereusement mélancolique, on pense de suite à My Bloody Valentine, Slowdive, New Order, mais aussi à Felt et à toute cette vague Post Punk champêtre révélée par Cherry Red.

La trame instrumentale est souvent mise en avant au détriment des voix, floutées au montage en quelque sorte.

 

 

Cette petite fiole de spleen concentré fleure bon la nostalgie apaisée, le cafard élégant, la langueur esthète.

Derrière la monotonie apparente de la primo-audition se cache un réel savoir faire qui se dévoile au fil des écoutes…

Une découverte agréable et surprenante.

 

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After Party...

 

Aldous Harding   « Designer »   4AD   2019

 

Aldous Harding est un cas à part…

 

 

Aldous Harding, c’est un talent musical hors norme, une voix qui vous touche là...
Mais, le phénomène Harding, c’est bien plus que cela.

La Néo-Zélandaise intègre sa musique dans un contexte plus global, celui de la performance.
Son premier album n’était déjà pas passé inaperçu, son Folk de caractère et sa casquette d’ado avaient fait mouche…

 

 

Quant au second album, l’immense Party, ( souvenez-vous, on en parlait ici et ici) il génère encore deux ans après sa sortie d’éprouvantes secousses sismiques dans les cœurs de ceux qui ont eu l’occasion d’y être sensibles et surtout chez ceux qui ont vu l’artiste sur scène… Party est pour ces gens intimement lié à des souvenirs d’expressions faciales hyper démonstratives, Aldous jouait alors autant de son visage que de sa guitare… une performance blanche, immaculée, d’une puissance émotionnelle digne d’une tragédie grecque, mimiques convulsives et hallucinées à l’appui... sans les masques.
Autant dire qu’assurer la succession d’un choc tellurique pareil n’était pas une mince affaire.

 

26 avril 2019… 4AD sort Designer...

D’emblée, il paraît plus fluide, moins rocailleux, la sensibilité demeure toutefois intacte, la profondeur du panel vocal aussi, l’intimité des chuchotements, la justesse du chant, l’utilisation judicieuse des voix ( ces voix de tête, de gorge, de poitrine demeurent troublantes), c’est un fait, Aldous Harding nous balade… Avec Designer on descend des montagnes arides de Party vers une plaine moins âpre, plus verdoyante, mais il importe peu que le terrain soit accidenté ou pas, la charge émotionnelle est pareille… De l’instrumentation simplissime de Pilot à l’orchestration plus touffue de Fixture Picture, de l’introspection d’ Heaven Is Empty à la fausse allégresse un rien Bossa de The Weight of the Planets, Aldous Harding et John Parish (c’est encore lui aux manettes) réussissent à placer Designer sur la même étagère que Party… Celle des étranges beautés déconcertantes.

Du grand Art, en même temps qu’un pari gagné.

Reste à savoir à quoi ressemblera le « Designer Tour » ?… Encore une fois, Aldous Harding envisage son art avec une approche beaucoup plus large que l’abord purement musical…

Laissera-t-elle les mimiques volontairement surjouées de Party de côté au profit d’une mise en scène moins expressive ?

Optera-t-elle pour une scénographie axée vers l’accessoire ? le vestimentaire par exemple…

Réponse le 14 mai, au Bota.

 

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