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Par les temps qui courent, il importe de rester curieux.

Chroniques covidiennes (10).

Chroniques covidiennes (10).
Les tranchées, octobre 1918…
Tout est lunaire, étrangement calme.
Des canons résonnent encore, au loin…
Paul Bäumer sait que cela aura une fin.
Alors, lorsqu’il entend le chant d’un rossignol, il lève la tête,
une seconde…
En face, un fusil Lee-Enfield claque, juste un coup… Paul s’écroule.
Gros plan sur une main et un calepin assemblés à jamais dans une flaque de boue.
Fin du film.
Bien sur nos temps n’égaleront jamais en horreur ceux décrits dans « A l’ouest, rien de nouveau » , toutefois certaines situations, toutes proportions gardées, semblent singulièrement comparables.
L’attente notamment, les destinées en suspens, le silence assourdissant qui rend la peur encore plus insupportable...
Parce qu’on sait qu’il est toujours là.
Qu’il se faufile dans les échancrures des lassitudes.
On pense désormais, comme Paul, que tout cela se terminera un jour.
En attendant le double shot qui fera, on l’espère, office d’armistice, on s’inquiète d’un hypothétique nouvel assaut en écoutant, avachi dans le canapé avec le chat sur les genoux, trois albums qui déposent sur nos fronts plissés de doutes des quintaux de raisons d’avoir foi en l’avenir.
 
Thermostat sur 20°, on songe à peine au soldat Bäumer qui croupissait avec les rats dans la gadoue d’automne.
 
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Django Django  « Glowing in the Dark »  Because Music  2021.

Dans la catégorie « On-peut-avoir-un-son-reconnaissable-sans-pour-autant-lasser » Django Django avec son Electro Pop scintillant tribalo-spatial occupe une place de choix.
Glowing in the Dark n’est ni plus ni moins que leur quatrième album depuis 2009.
L’avantage, c’est qu’il a été écrit quelques mois avant la pandémie, et donc, il pétille encore de ce positivisme lumineux dont on croit se souvenir maintenant avec un brin de nostalgie.
Avouons-le, la luminosité effervescente de ce dernier opus pulvérise un halo de bonne humeur sur les psychés les plus moroses.
 
D’abord il y a cet humour sous-jacent, directement palpable dans l’hilarant coup de sonnette de Kick the Devil Out, ce faux live ( Got Me Worried) et cette basse « hookienne » aussi ( Headrush, Hold Fast) et puis surtout il y a cette improbable envolée Western aux aspérités arabisantes, qui sort en approche finale d’incroyables violons tziganes en guise de train atterrissage (Night of the Buffalo), on pourrait aussi parler du picking apaisant de The World Will Turn et de cette apparition tout en douceur de Charlotte G. sur Waking Up .
Glowing Up in The Dark se déguste comme un sachet de bonbons multicolores, on sait qu’on est aux antipodes d’un repas quatre étoiles coté au Michelin mais, à vrai dire, dans l’immédiat, on préfère ça
En ces temps anxiogènes, il serait vraiment dommage d’en zapper l’écoute.
Un petit bout d’ allégresse insouciante pré-2020 vous tente ?
C’est ici.

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Clap Your Hands Say Yeah   « New Fragility »  CYHSY, Inc.  2021.

Printemps 2006… Un animateur radio bien connu crée un faux buzz comique autour d’une confrontation improbable… Deux formations dignes d’intérêt viennent de sortir leur premier album, chacune dans un genre passionnant, mais qui n’ont rien en commun...Artic Monkeys et Clap Your Hands Say Yeah.
Laquelle survivra à l’autre ?
C’était un peu comme tenter un parallélisme entre deux droites perpendiculaires, oser un rapprochement entre les codes mélodiques de la Brit Pop et les envolées poétiques yankees…
Bref, trouver des points communs entre des gens comme Paul Weller et Tom Verlaine, par exemple...
Mais l’époque tolérait ça, on baignait dans l’insouciance rigolote et on aimait bien les deux.
Aussi a-t’on passé l’été 2006 à faire semblant de se demander qui prendrait l’ascendant sur l’autre.
 
 
2021… On suit toujours l’une comme l’autre avec autant de plaisir… (même si on préfère Alex Turner lorsqu’il opère dans The Last Shadow Puppets, mais ça, c’est personnel).
En quinze années tout et rien n’a changé, il ne reste de CYHSY qu’Alec Ounsworth, qui porte désormais à lui seul le poids de la saga sur ses cordes vocales, pris au piège de cette voix si identifiable, proche de celle d’un David Byrne, et qui nous avait tant scotché, à l’époque.
 
Ce sixième album se déverse doucement dans les oreilles, avec la constance d’un bus Greyhound traversant les États-Unis d’Est en Ouest en un voyage à la fois ample et intérieur.
New Fragility n’a pas de hit, mais n’a pas de faiblesse non plus...Moins vallonné que le précédent The Tourist ( 2017), ce nouvel opus est rempli de ballades US impeccables et touchantes, et on se dit que cette voix, horripilante dès qu’elle sort du canevas CYHSY, prend encore et toujours une profondeur magique dès qu’elle est délayée aux proportions prescrites dans les dissolvants musicaux adéquats.
Simple et beau… New Fragility est un album tendre et sensible qui fait l’apologie d’une forme de continuité paisible, à conseiller vivement pour se poser,un peu, entre deux préoccupations existentielles.

 

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Little Steven & the Disciples of Soul  « Macca to Mecca! »  Wicked Cool Records  2021.

En cas d'environnement hostile, on creuse, on sent ce besoin de racines, on ne parle pas de revisiter les stades antérieurs, on laisse ça à l’oncle Sigmund, on vous parle plutôt de se replonger dans des endroits qui font du bien, qui ont une histoire, « notre » histoire, en quelque sorte.
Là-bas, on sait qu’en s’y lovant on s’éloigne un moment des mauvais temps qui passent.
Alors, c’est vrai l’antre initial a changé, il est devenu un parking, mais des esprits bien intentionnés l’ont rebâti à l’identique…
The Cavern Club, à Liverpool…
Nous sommes en novembre 2017, Steven Van Zandt est en tournée en Europe… Et notamment à Londres, à l’O2.
 
Jeter un œil à The Cavern Club, ça fait plus d'un demi siècle qu’il en rêve, et Liverpool est si proche... Pour un américain moyen du moins.
Alors, mu par un rêve d’enfance, il décroche le téléphone et, surprise, reçoit l’autorisation d’y jouer, en Lunchtime session de surcroît, comme ses idoles, The Fab Fours.
Steven Van Zandt va se faire plaisir.
Et pour ce concert d'hommage, il concocte en vitesse une Playlist diablement cohérente.
Puisque The Beatles reprenaient en ‘61 les standards de l’époque, Little Steven joue également le jeu en reprenant Boys de The Shirelles, Soldier of Love d’Arthur Alexander et Slow Down de Larry Williams.
Pour le reste, ce sont les cuivres et les chœurs de The Disciples of Soul qui s’en donnent à cœur joie, on se demande d’ailleurs comment autant de trompettes, de choristes et de spectateurs ont réussi à s’entasser dans un endroit aussi étriqué… Mais ça, c’est notre côté mauvaise langue… En fait c’est de la jalousie pure, on aurait bien aimé être là.
Le résultat de tout ça vient de (re)sortir, on s’est donc dit qu’on allait vous en parler…
Parce que, même si on s’écarte un peu de ce qu’on vous propose d’habitude, on vous avoue que ce genre de stage d’archéologie à haut potentiel émotionnel fait réellement un bien fou.
Ha oui, au fait, en bonus (pour le coup, c'est une intro) on vous offre un I Saw Her Standing There, enregistré à la Roundhouse de Londres, quelques jours auparavant, avec Sir Macca en personne à la Les Paul
 

Voilà voilà....

 

A bientôt?

 

 

 

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