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Par les temps qui courent, il importe de rester curieux.

Un an...

Voilà… Cela fait un an tout juste… Douze mois que chacun d'entre nous a subitement perdu « Son » Bowie… Après tout, l'idole avait porté tellement de casquettes que tout le monde, un jour ou l'autre, a eu l'occasion de s'identifier à un des personnages composés par l'artiste… on a tous un beauf bedonnant qui s'est trémoussé sur « Modern Love » au dessert d'un repas de communion , on connaît tous un vieillard gâteux qui se repasse en boucle « Space Oddity »… Sans parler de l'inébranlable pédant de service, subjugué par l'inédit de la face B du pressage ouzbèke du second « Tin Machine ». En fait, et pour faire court, tout le monde y a un jour ou l'autre trouvé son compte.

On aurait pu vous proposer un disque… Mais on a choisi deux livres, et encore, pas n'importe lesquels,pas des briques biographiques qui consacrent douze pages à la nature des textiles dont se drapait The Thin White Duke ou à la marque des cordes de la basse claquant sur « Ashes to Ashes », mais bien deux minuscules opuscules enthousiastes à haute teneur conjecturale… Parce que, entre nous, face au départ inopiné du Da Vinci des temps modernes, une approche par la tangente philosophique s'imposait, pas pour cerner l'homme, c'eût été à la fois impossible et présomptueux, mais juste afin de poser des mots sur cette sorte de manque qui continue à nous tourmenter… Afin qu'il n'en devienne plus tolérable.

 

« Petit éloge de David Bowie »

est un livre écrit dans l'urgence émotionnelle immédiate qui suivit le décès de l'artiste… Daniel Salvatore Schiffer est depuis longtemps fasciné par les dandys, il a d'ailleurs déjà beaucoup écrit sur eux (Byron, Wilde...), autant dire qu'avec Bowie, il a été servi.

Ces quelques pages sont terriblement enthousiastes, complètement dithyrambiques, saturées d'innombrables références prestigieuses (Baudelaire, Barthes, Camus, Nietzsche, Cioran, Kierkegaard, Shakespeare, Goethe…), c'est foncièrement subjectif et totalement assumé.

Bref, un petit tas de feuilles griffonnées et assemblées promptement, dans l'intensité passionnelle de l'immédiate après mort, et qui transforme un déferlement de tristesse en un enthousiasme post mortem quasi rayonnant dans une pirouette de détournement d'énergie à cent-quatre-vingts degrés... De l’aïkido littéraire, en quelque sorte.

 

« Bowie, philosophie intime », Le second ouvrage, paru lui en 2015 est écrit par un fan de la première heure devenu entre-temps prof de philo.

En partant de deux points bien distincts (sa « Fanitude » pleinement revendiquée et une phrase de Warhol s'attachant à expliquer à quel point la mise en scène d'une émotion dramatique est souvent plus puissante que le drame lui même), Simon Critchley tente à décrypter le phénomène Bowie en s'attardant sur la lisière ténue qui sépare vérité et authenticité, sur l'artificialité aussi, tellement cohérente qu'elle en devient parfois plausible… et donc, plus indirectement, il tente un essai sur la superficialité de notre société. On est ici face à une entreprise de démythification en règle avec, toujours présente en toile de fond, une immense affection pour l'artiste, qui, rappelons-le, était encore vivant à la sortie du livre.

Lorsqu'on sait que Bowie poussa son obsession de la théâtralité jusqu'à parvenir à en orchestrer sa mort, ce petit livret n'en est que plus bouleversant.

Deux coups de cœur, deux gouttes d'eau dropées dans l'océan des commémorations du jour, deux pauvres photons parcourant l'obscurité sidérale laissée par qui vous savez…

Allez...A demain ?

Et si vous êtes curieux, ce qu'on souhaite ardemment ici...Bonnes lectures.

 

SCHIFFER Daniel Salvatore, Petit éloge de David Bowie Le dandy absolu, Paris, Éditions François Bourrin, 2016

 

CRITCHLEY Simon, Bowie,philosophie intime, Paris, Éditions La Découverte-Philarmonie de Paris/Cité de la musique, 2015

 

Un an...
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