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Par les temps qui courent, il importe de rester curieux.

Here in my car...

Here in my car...
 
Here in my car... 
Tout en paraphrasant l'ôde au repli sur soi (et au syndrome d’Asperger?) chantée par Gary Numan, je me demande parfois, à l’arrêt dans les embouteillages, (qui sont légion ces temps-ci vous ne trouvez pas ?)…
Bref, je me demande quelles considérations vous semblent déterminantes lorsqu’on parle d’art pictural…
L’esthétisme? (le facteur décoratif en somme).
Le message véhiculé?
Les deux?
Ces derniers embouteillages, je me suis posé ce même genre de question, mais sur l’univers musical…
La mélodie y est-elle fondamentale? (vous savez, l’alternance couplets-refrain des hits de juke boxes)
A contrario, le minimalisme cacophonique, l’atonalité, le monotonal, les sinuosités baroques peuvent-ils susciter une émotion équivalente?
En tout cas, j’ai ici quatre albums de printemps, peu prolixes en élans mélodiques certes, mais que j’écoute en boucle depuis quelques semaines.
Ce qui tend à répondre à ma question.
D’ailleurs, ça tombe bien, je vous laisse lire, le feu passe au vert.
 
 
 
 
 
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Without humanity…
 

Edvard Graham Lewis   « Alreet ? »   Upp Records(2).

 

Vous le savez, toute impartialité est illusoire et pleinement assumée lorsqu’il s’agit pour moi de vous parler de Wire et de ses membres… J’avoue que tout ce qui touche de près ou de loin au combo se retrouve illico héliporté sur piédestal.

Ben oui, Wire, c’est avant tout un collectif d’individus friands d’expériences soniques ( et graphiques à l’occasion) parallèles…
Ça tombe bien Graham Lewis (bassiste, compositeur, parolier et graphiste) vient de sortir Alreet?  Un étonnant et excellent album…

 
Un disque inattendu dans la mesure où Graham, d’ordinaire séduit par l’expérimental abrupt (Dome, Duet Emmo, Cupol, P’o, UUUU…) s’essaie ici à nous proposer ce qui ressemble, vu de loin, à une prolongation de parcours de sa formation principale…
Les amateurs du genre y trouveront d’étranges similitudes avec le Wire et le Wir de la fin des années 80.
 
 
L’ intransigeance sonique qui fit les belles heures du groupe est bien présente, telle une machinerie horlogique affûtée domestiquant le temps plus qu’elle ne le calibre…
Il y a cependant plein de belles choses à en dire… Cette voix d’abord, qu’on connaît bien mais qui se permet ici des inflexions humaines, touchantes…
Et puis il y a ces enjolivures arabisantes qui, à l’occasion, transfigurent l’impitoyable machine rythmique en mélopées orientales, à l’image des derniers travaux de (encore lui!) Gary Numan.
Le plus admirable dans l’histoire, c’est que cette dualité métronomico-humaine inocule une bonne dose de charme à l’album, contentant en cela et les amateurs irréductibles de cinématique sonique, les nouveaux arrivants (qui verront dans Alreet? une matière abordable), et les inassouvis en tout genre, qui considéreront l’opus de la même manière qu’un ex-junkie contemple son flacon de méthadone…
 
Pour ma part, jamais je n’aurais imaginé entendre un jour Graham Lewis psalmodier (dans Who the Hell), à la manière d’un vieux sage désabusé...
« Without humanity/who the fuck are we? »
 
Avec cet album, Graham métamorphose, transforme, surprend, transfigure, renouvelle...Sans jamais céder à la facilité du recommencement…
Du (très) grand art.

 

L'album est ici...

 

 

 

 

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Medieval dancefloor.

 

Oklou  « Choke Enough »   True Panther Sounds.

 

Il y a quelque chose de féerique dans le premier album d’Oklou, (prononcer « OK, Lou ») il ressemble à un terrarium où règne un écosystème unique régi par des interactions soniques complexes, un micro monde autotuné, pas si synthétique que ça et particulièrement dreamy.
On pense à Angèle bossant avec
Jenny Hval
 

 

La chanteuse, productrice et DJ française de formation classique, Marylou Mayniel (aka Oklou), hante la planète (Paris, Londres, Californie) armée d’une pop électronique métissée d’ art-pop, de R&B et d’ambient éthéré
Choke Enough fait office de réceptacle à une pop chimérique, contemplative, proche de l’hyperpop et qui ose aplanir les clivages temporels.
En effet, derrière l’habituelle avant-garde des synthés voltigent des références sonores classiques, baroques et même médiévales...Il faut un talent immense pour que dix siècles de musique parviennent à cohabiter harmonieusement ensemble en diffusant un potentiel onirique parfaitement homogène.
 

Il y a quelque chose de dansant, certes, mais aussi de vaporeusement mélancolique dans les titres d’Oklou.

Cependant l’album brille également par ses touches inventives… Ainsi est-on à peine surpris d’entendre une mélodie au hautbois (fut-il électronique), servir de guide à la voix fluette de l’artiste (un outil musical à part entière), certains songeront immanquablement aux divers instruments incarnant les animaux du Pierre et le loup de Prokofiev.

Mentionnons aussi des interventions spectrales de trompettes et autres tambourins... donnant aux hypermodernes dancefloors intelligents des airs de salles de bal de la Renaissance.

 

 

« Je ne peux imaginer une vie sans rêverie, sans passer du temps à apprécier la beauté,
mais j'ai besoin d'être ancrée au sol pour continuer à prêter attention à ce qui se passe autour de moi. »
(Oklou, 2024).

 

Choke Enough, c’est le premier album d’ Oklou.

Pensez donc à le découvrir…

Il est d'ailleurs ici...


 

 

 

 

 

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Grooves telluriques.

 

DARKSIDE « Nothing » Matador.

 

La bande à Nicolás Jaar revient avec Nothing, un nouvel album.


 

 

Un titre de DARKSIDE démarre souvent avec bienséance, son apparence est familière, tout va bien, l’oreille se dit que toute circonspection est inutile, mais bien vite le relief se fissure, se craquelle, tout comme les certitudes s’effritent une fois confrontées à l’inattendu, voire l’inconcevable.

Sous des dehors inoffensifs, la musique de Nicolás Jaar et Dave Harrington se garnit peu à peu d’épines soniques, le conventionnel tourne à l’étrange… 

Rien d’angoissant, non, c’est juste … Bizarre.

 

Car le groupe déconstruit et reconstruit, mais en se moquant des plans initiaux d’assemblage, DARKSIDE agit comme un rouleau compresseur qui aplanirait les pièces incompatibles d’un puzzle… Entre concret et abstraction, le groupe déstabilise et ravit les attentes des nerfs auditifs les plus aguerris.

Nothing, en ce sens, pousse encore plus loin le bouchon que ne l’avait fait Spiral (dont nous vous parlions ici, à l’époque)

L’incorporation au mélange du batteur Tlacael Esparza y est probablement pour quelque chose.

 

De grooves obscurs en riffs kraut, d’ambiances tropicales en secousses telluriques,
DARKSIDE, par le biais d’ une sorte de surréalisme musical, oscille constamment entre harmonie et chaos.

Nothing risque bien de n’être totalement assimilable qu’après quelques écoutes…

Mais quelles écoutes.

L'album est ici...

 

 

 

 

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Bande de lâches…

 

Squid  « Cowards »  Warp.

 

« Franchir le cap du second album »…
La phrase immanquable, celle qui induit des frissons, celle utilisée par tout chroniqueur normalement constitué en mal de théatralisme…
Une phrase analogue au « Bouh ! Fais-moi peur ! » des contes pour enfants…
Pourtant, dans le vrai monde, c’est souvent le troisième album qui confirme l’aptitude d’un groupe à se renouveler sans rien perdre de sa singularité…et de son aptitude à surprendre.
Ici c’est la maturité des jeunes gens de Brighton qui surprend dans ce Cowards
Souvenez-vous, on vous avait parlé de leur Bright Green Field en 2021.
Il était déjà alors parfaitement évident qu’une telle énergie ne pourrait se restituer à l’identique, d’album en album...Même la véhémence la plus vigoureuse devient vite agaçante aux oreilles, l’être humain est ainsi fait, il se lasse très vite de tout.
Ça tombe bien les petits gars de Squid s’en sont lassés eux-aussi…
 

 

Alors, c’est vrai, on avait aimé leur second album O Monolith  (2023) tout en commettant l’erreur de ne pas vous en parler...
Dans le fond, c’est peut-être mieux ainsi, on peut par conséquent s’attaquer sans tarder à Cowards, leur troisième opus.
Une chose est sure, dès la première écoute, l’album convainc.
Bien qu’impétueusement post-punk, dégoulinant d’harmoniques math-rock complexes rehaussées de phrasés jazzy, il se dévoile vite comme étant (presque) immédiatement accessible.
La technique, l’inventivité, les trouvailles mélodiques témoignent d’un savoir-faire de plus en plus abouti.
 
 
Cowards est complexe, inventif, parfaitement maîtrisé, agréablement homogène, en tout cas nettement moins rageur que Bright Green Field, mais surtout il s’en dégage de lourds parfums de mélancolie, de désillusion.
C’est que les jeunes gens ont vieilli, l’ivresse pubère s’estompe, les propos mûrissent, se condensent, mettant dès lors moins de temps à poser leurs ambiances (graves pour la plupart).
Cowards est mature et captivant… Sa complexité n’entrave en rien le fait qu’on y entre vite, tant la sensation d’être en phase avec la pesanteur des propos est présente.
 
Grâce à ce troisième album, Squid confirme sa position dans le peloton de tête des valeurs sures de la musique inventive d’outre-Manche.
Tiercé gagnant donc, mais aussi et surtout réel plaisir d’écoute pour qui aime tenter des expériences soniques innovantes, hors sentiers battus.
 
 

Et l'album ? Me direz-vous...Il est ici.

 

 

 

 

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Mosaïque irlandaise.

 

The Murder Capital   « Blindness »   Human Seasons Records.

 
 
Et puis, faisons fi de tout sectarisme, ne soyons pas injustes vis à vis des chansons à haute teneur mélodique…
Dans l’auto, on a aussi beaucoup écouté Blindness, le dernier album des Dublinois de The Murder Capital
Un troisième album qui se la joue cette fois façon mosaïque…
 

 

Après un premier album de post-punk énergique (mais un chouia impersonnel) suivi du sublime  Gigi’s Recovery  aux allures de concept album, les Irlandais nous reviennent avec un bouquet de chansons toujours torturées, certes, mais variées, autonomes, dotées d’une vie propre, et qui s’emboîtent au final d’une manière défrayant toute logique afin de constituer un ensemble autant varié que poignant.

 

 
Un formidable troisième opus en ce qui me concerne.
Écoutable ici...

 

 

 

 

À bientôt?

 

 

 

 

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