27 Juin 2020
Il y a un quarante-trois ans, on n’imaginait pas.
En fait, à l’époque, on n’imaginait rien.
Dépendant d'hormones privilégiant l’urgence et surnageant au cœur d’un énorme maelström musical, le concept même de pronostic nous était au pire inenvisageable, au mieux farfelu.
Depuis ce début de siècle, par contre, on en est persuadé...
Wire, pour sa permanence dans la pertinence, pour sa remise en question perpétuelle et pour son approche artistique globale est un groupe essentiel.
D’ailleurs, pour une fois, on va faire comme eux… On va écrire comme ils jouent… A la meuleuse d’angle, cette machine barbare qui attaque la pierre de front... ça impressionne, ça fend la roche avec netteté… Mais l’engin dispose aussi d’une sensibilité propice aux découpages de subtiles arabesques.
Wire "10:20" Pinkflag 2020.
10:20 n’est pas un album, au départ, c’est un accident.
Il faut remonter à l’année dernière, à l’époque, il s’agit juste d’un vague projet pour le Record Store Day...
Un projet reporté, remanié et peaufiné ensuite, par la force des choses, grâce ou à cause du confinement.
N’empêche, au final 10:20 est une petite bombe.
On dirait qu’avec cet album, Wire a décidé de jouer live en studio, sans les gens.
Ceux qui les ont vu sur scène savent de quoi on parle… Wire sur les planches, c’est l’inconnu, l’improbable, le déroutant, l’inconfortable aussi, parfois… En tout cas c’est une expérience arty permanente.
Les rares qui ont tenté de les rendre célèbres en espérant gérer leurs setlists aléatoires s’en arrachent encore les cheveux.
Bref, on vous explique sommairement…
Wire, au départ, c’est Colin Newman, Graham Lewis, Bruce Gilbert et Robert Grey, on vous passe les soubresauts existentiels du groupe, on soulignera juste qu’après le départ de Bruce Gilbert (2004), ce sont Margaret Fielder et ensuite Matthew Simms qui reprennent la seconde guitare, et donc, quatre morceaux de 10:20 ont été joués par Margaret (en 2010) et les quatre autres par Matthew (en 2020)….
On comprend dès lors le titre.
Bon, et les huit pistes maintenant ?
Boiling Boy (1988) : Un titre fréquemment interprété lors des rassemblements wiriens, mais ici, exit les agencements électroniques, l’heure est aux amoncellements de guitares… Avec une intro à la « I Should Have Known Better » qui fait à elle seule un bien fou.
German Sheperds (1989) : Vire lui aussi ses accoutrements Electro en affichant au grand jour son épatante gémellité avec le fabuleux Map. Ref. 41°n 93°w.
He Knows (2000) : Bouleversantes sont les incursions vocales d’un Colin Newman escaladant les octaves, un des rares morceaux où les voix de Colin et de Graham s’entremêlent.
Underwater Experiences : Pierre angulaire des prestations wiriennes, un titre injustement absent (par manque de place et parce qu’il n’était déjà plus dans l’air du temps) du fabuleux Chairs Missing (1978).
The Art of Persistence (2000) : Ce titre n’est jamais sorti sur un album, on se demande encore pourquoi.
Small Black Reptile (1990) : Singulièrement (dé/re)construit.
Wolf Collides (2015) : Encore un titre injustement absent par manque de place, mais de Silver/Lead (2017) cette fois.
Over Theirs (1985) : Un autre incontournable des communions wiriennes, hymne martial et rigide dont la clôture par feedback n’est pas sans évoquer celle de l'accord de piano final du Sgt. Pepper... d’un autre groupe anglais lui aussi essentiel.
10:20 s’adresse à tout le monde.
Ceux qui connaissent reconnaîtront, ceux qui ne connaissent pas connaîtront.
Et s’il fallait convaincre ces derniers, ce serait avec cet album.
Ensuite, s’ils ont bon goût, libre à eux de se payer les autres disques.
Et qu’on ne parle surtout jamais de 10:20 comme d'un Best Of, ces gens sont bien trop intransigeants et productifs que pour s’abaisser à ça.
Ha, j’oubliais, si le sujet vous intéresse, on a retrouvé quelques liens...
Certains de chez Marc, d'autres de ce site...
ici, ici, ici, ici, ici, ici, et ici
Voilà...c'est tout pour aujourd'hui... à bientôt?
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