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Par les temps qui courent, il importe de rester curieux.

Chroniques covidiennes (12).

Chroniques covidiennes (12).
Il est illusoire de vouloir maîtriser le cours des choses et du temps...
Alors on cède au fatalisme immobile, le regard vissé aux aiguilles de l’horloge.
On peut aussi pratiquer la lecture.
On avait donc songé à vous parler du Giovanni Drogo de Buzzati, du Joseph K. de Kafka ou de la Winnie de Beckett.
En effet, dans le domaine de la gestion du temps d’attente, ces gens avaient fait fort.
Finalement on a préféré vous divertir en musique…
C’est mieux non ?

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Dorothea Paas  « Anything Can’t Happen »  Telephone Explosion Records   2021.

Si vous aimez les tableaux abstraits aux lignes tortueuses dont on renonce à comprendre l’agencement pour mieux se laisser séduire, vous aimerez probablement les édifices soniques de la Canadienne Dorothea Paas.

 
Comme ces toiles, Anything Can’t Happen renonce à toute volonté séquentielle, les émotions fluctuent au gré des mélodies sans qu’il y ait besoin de couplets et de refrains…
C’est au départ déstabilisant, Dorothea laisse toutefois la possibilité de s’agripper en chemin à des garde-fous solides (Fleetwood Mac, CSN&Y), mais le fait est qu’on se laisse avant tout porter par le charme de sa voix, proche de celles d’une Joni Michell ou d’une Sally Oldfield, jusqu’à ce qu’on s’habitue aux absences de scenarii musicaux prédéfinis.
Un album rêveur et aérien, aux textes intimes et complexes, qu’on suppose personnels.

 

 

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Field Music   « Flat White Moon »   Memphis Industries   2021.

 

 
Sans transition (Ils disent souvent ça, à la télé), on passe aux frères Brewis.
Ici, on est dans le solide, le ciselé, bref, dans la Pop British sophistiquée.
Et ça démarre en fanfare avec cet Orion From the Street aux montées verticales vocales proches de celles du It’s All Too Much de qui-vous-savez…
On n’est pas dans la copie, ni dans l’hommage, mais bien dans le savoir faire musical d’une nation insulaire aux mœurs étranges, pétrie d’incessantes velléités sécessionnistes, mais qui fascine et qu’on adore envers et contre tout.
Vous aimez XTC , The Beatles en général et Sir Paul en particulier?
Quelques scintillances Rundgreniennes vous feraient bien plaisir ?
Bref, découvrir de la bonne Pop Baroque élaborée vous tente?
 
Écoutez donc Flat White Moon.

 

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Telex   « This Is Telex »   Mute Records   2021.

 

1980, Bruxelles est une ville sujette au bouillonnement permanent…
Entre les Week-ends FM de Radio Cité, les vocalises de Lolita de Lio et les frères Mael (Sparks) qui s’invitent sporadiquement à la noce, on ne s’embête pas dans la capitale.
Touchée de plein fouet par la Synth-Pop britannique de chez Mute, la capitale se dit qu’elle aussi a de petits génies du Moog, et qu’en matière d’ (auto)dérision, les Belges demeurent les plus braves.
 
En gros, c’est comme ça que Telex est né.

 

 

Telex, c’est une forme d’intelligence qui ne se prend pas au sérieux…
Telex, c’est une façon de rendre de la superficialité à la profondeur et peut être même de rendre le désespoir rigolo...
Telex, c’est, en somme, une expression parfaite de la Belgitude.
Alors quand quarante années plus tard ces gens se voient contactés par Mute pour sortir un album proche d’un Best Of juste un rien retouché, on se rend compte que le mot légitime existe encore dans le petit dictionnaire des reconnaissances et des gratitudes.
Génial.

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Sarah Neufeld   « Detritus »   Paper Bag Records   2021.

Ceux qui ont vu Arcade Fire en concert connaissent Sarah Neufeld.
(Mais siiii, la violoniste,là, à droite, vous vous souvenez ?).
Rajoutons que Madame Neufeld sévit aussi dans Bell Orchestre, Esmerine et travaille à l’occasion avec Colin Stetson, comme si cela ne suffisait pas, elle conçoit à l’occasion des albums toute seule.
Detritus est donc un album solo, son troisième en fait, à l’origine il aurait dû s’agir d’une bande son pour une chorégraphie de Peggy Baker, un ballet figé dans le temps pour cause de confinement, cependant l’opus révèle un potentiel musical dense, proche de l’autosuffisance.
Au gré des sept morceaux Sarah Neufeld tisse une toile musicale hypnotique, répétitive, lancinante, et si les constructions soniques stéréotypées font penser à celles utilisées dans la Musique dite Moderne (Reich, Bartok), les envolées lyriques couplées aux ajouts d’apports percussifs (batterie) et stratosphériques (claviers…Sa jolie voix surtout) nappent les rigueurs mathématiques des sept pistes de douceurs et de puissances bienveillantes.
Un album qui prend sa pleine mesure tôt le matin, lorsque les tourments de la nuit cèdent la place aux espoirs de l’aube.
Detritus est une confrontation avec soi-même, une induction positive au terme de laquelle on se sent quelque peu expurgé de ses peurs et qui laisse présager le meilleur.
Lorsque l’album et la nuit se terminent et que le soleil finit par faire s’étioler la poésie du violon, il subsiste une forme d’ apaisement.

 

 

 

A bientôt?

 

 

 

 

 

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