Si toi aussi tu trouves fabuleuse l'idée d'avoir eu 20 ans en 1980…

Cette année là, qui occupe par ailleurs dans l'histoire une place comparable à celle qu'occupe la charnière en menuiserie, Jean-Marie Durand a douze ans.

Et c'est captivant d'avoir douze ans, surtout en 1977, c'est l'âge où la vision des choses se mature tandis que le cœur reste naïf, juste avant l'explosion endocrinienne qui balaie toutes les certitudes à grands coups d'hormones…

1977, année électrique… Et bien on en ressort secoué, on en arrive même à se sentir mal à l'aise tant les mots choisis correspondent avec exactitude aux divers ressentis de l'époque, on s'en voudrait presque de ne pas les avoir écrits jusqu'à ce qu'on se rende compte qu'on n'en avait pas éprouvé l'envie, ou, plus exactement, qu'inconsciemment la tâche s'avérait à ce point complexe qu'on préférait passer à autre chose, se réconforter dans le futile, boire une bière par exemple, mais aussi et surtout parce qu'il faut un certain talent assorti d'un énorme travail de recherche pour se ré-imprégner à ce point des charmes, doutes et conséquences de cette année-pivot.

Et Jean-Marie Durand en a, du talent… Il faut dire qu'être journaliste aux Inrocks, et fils de psychanalystes, ça aide.

1977, année électrique...C'est une grosse boule à facettes, (métaphore intentionnelle, 1977, c'était le Disco, aussi), toutes les données, souvenirs et faits marquants y sont propulsés comme autant de photons, puis l'explosion en reflets éparpillés et virevoltants y est analysée méticuleusement, miroitement par miroitement…

Dès lors, tout y passe, la sociologie, l'anthropologie, l'histoire, la mode, les actualités, la politique, la philosophie, l'art, l'écologie, les souvenirs personnels, un décryptage assez psychanalytique du phénomène Starwars aussi, et, évidemment, mais ça vous vous en doutiez vu les déviances mélomaniaques du blog, un chapitre assez réussi sur ce phénomène si énorme et si bref, cette grosse farce aux conséquences sociologiques encore palpables… Le Punk.

1977, année électrique : c'est le décryptage en règle d'une fin de règne, du début d'un nouveau aussi, parce que, 1977 (l'année) c'est l'aboutissement d'une fête, le moment où la peur et l'obscurité reprennent, à l'issue du dernier pétard du feu d'artifice, de la vigueur (la pré-soixantehuitarde, celle dont elles avaient été privées), en un fondu enchaîné qui durera une année… Ce n'est pas un terminus, non, la vie continue, mais la nuit s'installe, les communautés se désagrègent, le sentiment social s'estompe,c'est l'émoussement de l'esprit grégaire, le retour au chacun chez soi… La comparaison s'arrête là car dans le cas des fêtes on sait qu'elles renaîtront immuablement l'année suivante…

Alors qu'en 1977, c'est la notion même d'espoir qui s'évapore.

1977, année électrique, le livre est désormais constellé d'annotations, de phrases soulignées au crayon… d'ailleurs, on s'était dit qu'on en partagerait une ou deux, histoire de vous donner un aperçu, mais on a dû en abandonner l'idée, l'étendue du choix rendant la chose impossible.

En deux mots comme en cent… Lisez- le.

1977, année électrique ...on dirait bien qu'en matière de lecture, 2017 commence bien.

DURAND Jean-Marie, 1977 Année électrique, Éditions Robert Laffont, Paris,2017, 281 p.